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Délicate et saine

Journal d'une reconversion professionnelle. Ou comment passer de Directeur Travaux à Charcutier Traiteur.

Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens

Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens

Ce proverbe africain est bien connu de tous.

Je ne me souviens pas de la première fois que je l'ai entendu prononcé. Toutefois, j'ai le souvenir de l'avoir entendu lors d'une rencontre hors du temps.

C'était en septembre, il y a de cela bien 7 ou 8 ans. Nous étions en périple avec ma femme dans le sud, sur la route de Collioure, où nous devions passer quelques jours. Nous avions, par un clin d'oeil du destin, dû faire étape à St Martin du Canigou. La soirée étape nous permis de faire la visite de l'abbaye le lendemain matin. Je conseille à tous de vous rendre dans cet endroit tant pour la randonnée, que pour le lieu (son architecture et son histoire).

La visite nous fut comptée par une soeur dont le caractère fascine: moderne et conformiste à la fois. Mais surtout d'une ouverture sur le monde et d'une culture sans fin. Je buvais ses paroles. Elle rentrait tout juste de Bethléem et avait eu accès à des ouvrages bien gardés de la bibliothèque de l'université.

Je me souviens que déjà à cette époque, les mots de ce proverbe m'avaient profondément touché et m'avaient rappelé mon attachement au Médoc.

Ah le médoc! Ah pardon on n'était pas au courant! Sincèrement désolé.

Bah oui, je ne vous l'avais pas dit?

C'est vrai que ça peut choquer mais c'est bien sur la presqu'île médulienne que j'ai grandi. A Saint Laurent Médoc pour être précis.

Afin de faire taire tous les préjugés que j'entends déjà comme un murmure dans l'assemblée: "non tous les médocains ne sont pas des consanguins alcooliques et chasseurs de surcroit". Il y a plein de gens bien dans le médoc! Je vous promets! On a quelques faits divers certes, mais pas plus qu'en proche banlieue bordelaise.

Non, je crois sincèrement que toutes ces sornettes sur le médoc ont étaient diffusées par les médocains eux-mêmes, afin de conserver la quiétude des lieux.

En fait le Médoc pour moi, c'est une histoire à la Pagnol! Un lieu où toute la ressource est à la portée de celui qui a la volonté d'aller la chercher.

Chaque saison avait son potentiel pour financer nos loisirs (qui se limitaient aux cabanes dans les bois, la pêche, les pétards et les pièges à gibier). Et nos clients tout désignés étaient les ancêtres du village qui trouvaient chez nous des marchandises de qualité fraichement prélevées dans la nature. Aussi notre offre se composait selon la saison de cèpes, de girolles, de pieds de moutons, mais aussi de pibales, de brochets, d'anguilles et de lamproies mais également de baraganes, de pêches de vigne ou bien encore de gelées de mûres.

La nature nous offrait à chaque époque une ressource différente comme un don de bonne augure. Plus tard, à peine le duvet juvénile saccagé à coup de rasoir bic, c'est à dire vers 10 ou 11 ans (bah oui on est précoce dans le Médoc ou très pressé d'être un homme), les travaux se durcissaient mais les rétributions se faisaient plus conséquentes. Il fallait donc composer avec le pliage, l'acanage, l'épamprage et les premières vendanges (avec les grands). Mais aussi les travaux forestiers, le castrage du maïs ou le ramassage des asperges.

C'est dans ces travaux divers et variés, dans lesquels ma mère y laissait une partie de son dos éreinté, que j'appris la valeur du travail.

Tout cela est rendu possible par cette proximité avec la nature. C'est sans nul doute grâce à cette valeur que l'on ne bascule pas dans la délinquance. Nul besoin de tuer l'oisiveté quand la nature vous offre la possibilité d'occuper nos mains et nous faire vivre. Voilà une chance que les jeunes qui grandissent en ville, ne connaissent pas.

Je souris en pensant que bien des choses qu'il suffit de ramasser chez nous, s'arrache à prix d'or ailleurs. N'est-ce pas là le signe que cette terre de vertus est une richesse absolue?

Voilà pourquoi je veux plus tard mettre à l'honneur mon terroir. Ses saveurs, ses odeurs.

Ce sera pour moi, ma manière de rendre au Médoc ce qu'il m'a donné.

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